Pourquoi le voile ? Raison #4 : La pratique de l’Église
“Paul enseignait à toutes les églises cette coutume et il attendait d’elles qu’elles la suivent. Dans sa déclaration finale il coupe court à toute discussion en en appelant à la pratique chrétienne universelle.” – Mary A. Kassian (Professeur d’études féminines, SBTS) 1) Mary Kassian – Women, Creation and the Fall (Crossway Books, 1990) – Page 100.
Quand nous entendons “traditions” nous pensons généralement aux inventions d’hommes que nous ne trouvons pas dans l’Écriture. Les traditions peuvent être bénéfiques (ou du moins pas nuisibles) mais parce que Dieu ne les commande pas, nous n’avons pas à les imposer ! Quand nous en venons à considérer le voile, nous devons nous poser la question : est-ce une tradition ou un commandement ? Revenons à notre tout premier verset :
Je vous loue de ce que vous vous souvenez de moi à tous égards, et de ce que vous retenez mes instructions telles que je vous les ai données. ( 1 Cor 11 : 2)
Bien que les dites “instructions” (ou “traditions” selon d’autres traductions) ne sont pas définies plus précisément, il est quasiment certain que le voile en faisait partie. Pourquoi je pense cela ? L’enseignement du voile (1 Cor 11 : 3 – 16) se trouve encadré entre deux déclarations qui contrastent. Au verset 2 Paul dit “je vous loue” suivi de l’enseignement sur le voile. Puis au verset 17 il dit “je ne vous loue point” suivi de l’enseignement sur le repas du Seigneur et les dons spirituels (dont ils abusaient). La structure de 1 Corinthiens 11 utilise les versets 2 et 17 comme en-têtes introductifs au thème traité. Ce qui suit immédiatement chacun de ces versets est un enseignement correspondant aux pratiques dont il est question dans le verset introductif. Le premier a pour but d’informer d’avantage ( sur ce dont Paul les loue) et le dernier a pour but de corriger (sur ce dont Paul ne les loue point). Si le voile n’était pas pratiqué par les corinthiens, le verset introductif leur aurait plutôt été adressé de la manière “je ne vous loue point” (1 Cor 11 : 17).
Donc, si les corinthiens obéissaient déjà à cette pratique du voile (tout en ayant encore besoin d’être enseigné plus profondément à ce sujet) alors nous pouvons déduire que le voile faisait partie de ces “traditions” telles que Paul les désigne. Maintenant, avant que vous ne confondiez le voile avec une invention d’homme, allons voir ce que le Nouveau Testament nous donne comme définition de “tradition”. Le terme grec utilisé est “paradosis” qui est mentionné 13 fois dans le Nouveau Testament. Il est utilisé 8 fois par Jésus et à chaque fois il fait clairement référence aux traditions des hommes. Paul utilise aussi ce terme avec cette signification, mais pas seulement. Parfois il l’emploie pour faire référence à l’enseignement des apôtres, en tant que directives faisant autorité.
Regardons deux cas où il le fait :
Ainsi donc, frères, demeurez fermes, et retenez les instructions que vous avez reçues, soit par notre parole, soit par notre lettre. (2 Thess 2 : 15)
Nous vous recommandons, frères, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, de vous éloigner de tout frère qui vit dans le désordre, et non selon les instructions que vous avez reçues de nous. (2 Thess 3 : 6)
Avez-vous remarqué le détail ? Lorsque Paul utilises paradosis pour se référer à l’enseignement des apôtres il précise que cela vient “de nous”.
Alors comment pouvons nous déterminer si le voile est une tradition des hommes ou une instruction des apôtres ? Paul ne nous laisse pas dans le flou pour le deviner. Dans 1 Cor 11 : 2 il parle des “instructions telles que je vous les ai données”. Cela signifie que le voile est un bien un enseignement apostolique qui fait autorité.
La pratique universelle de l’Eglise
Maintenant penchons-nous sur le dernier verset qui concerne le voile.
Si quelqu’un se plaît à contester, nous n’avons pas cette habitude, non plus que les Églises de Dieu. (1 Cor 11 : 16)
Nous venons juste de conclure que le voile est une pratique relevant des traditions non pas humaines mais transmises par les apôtres et faisant autorité, alors qu’est-ce qu’il se passe ici ? Ce verset est ce qui m’a embarrassé pendant des années au sujet du voile. Voici comment je le comprenais à l’époque : ce que Paul laisse supposer, c’est que cette doctrine peut être très controversée. Et il ne veut pas cela, donc si le voile pose problème à quelqu’un, il est exempt de suivre cette pratique. De toute façon aucune église ne le prend comme une obligation.
Est-ce là une contradiction ? Les églises avaient-elles une position officielle à propos du voile ? Daniel Wallace, un spécialiste du grec vole à notre secours :
Comment réconcilions-nous 1 Cor 11 : 2 avec 1 Cor 11 : 16 ? Le verset 2 gouverne le verset 16. La pratique désignée étant une paradovsi, elle était dès lors élevée au rang d’orthopraxie. C’était une doctrine que l’église primitive suivait. Puisque cette pratique était considérée à ce niveau d’importance, la plupart des église s’y soumettait religieusement. Ainsi, Paul pourrait renvoyer à ce que les autres églises faisaient (v 16) afin d’en appeler à la sagesse et à l’application sérieuse de cette “tradition”. 2) Citation tirée de “What is the Head Covering in 1 Cor 11:2-16 and Does it Apply to Us Today?”. Daniel Wallace soutient la vision du symbole pouvant évoluer tout en gardant la même signification, ce qui n’est pas la position que je défend.
Ce que Paul est en fait en train de dire, c’est que si quelqu’un conteste ce qui vient d’être enseigné, qu’il sache que les églises n’ont pas une telle pratique, où “pratique” désigne la pratique opposée à celle que Paul défend et que le contestataire revendique. Paul n’est absolument pas en train de dire qu’il n’y a pas de position officielle sur ce point dans l’église, vu qu’il vient justement d’en ordonner l’application ! Au contraire ce verset affirme qu’aucune église n’adhère au point de vue que la personne contestataire pourrait défendre. Voilà pourquoi certaines versions traduisent ce verset comme “Si quelqu’un s’obstine à contester, nous lui répondons que ce qu’il propose n’est ni notre pratique ni celle des Églises de Dieu.” (1 Cor 11 : 16)
Au-delà de Corinthe
Certains prétendent que Paul a commandé aux femmes de se voiler dans les assemblées parce qu’il ne voulait pas qu’elles soient confondues avec les prostituées sacrées de Corinthe, ces dernières ne se voilant pas.
Or, dans 1 Cor 11 : 16 Paul montre que le voile est pratiqué bien au-delà de Corinthe puisque c’est la pratique de toutes les églises. Considérez la répartition géographique des églises en ce temps là : Corinthe, Philippe, Thessalonique, Ephèse, Iconium, Césarée, Antioche et beaucoup d’autres… Elles pratiquaient toutes le voile. Toutes ces églises étaient un mélange de juifs et de gentils qui se réunissaient en venant de cultures complètement différentes. Ces églises étaient dispersées sur des milliers de kilomètres à des endroits aussi éloignés et différents que sont aujourd’hui l’Israël, la Turquie ou la Grèce. Et pourtant, ils appliquaient tous la même doctrine concernant le voile. Comment peut-on justifier une telle unité, sinon en admettant que le voile était considéré par tous comme un commandement valable pour tous les chrétiens ?
L’église de Corinthe : 150 ans plus tard
Tertullien était un apologiste chrétien qui a vécu de 160 à 220 après Jésus-Christ. Dans un de ses livres, celui qui a pour titre “Le voile des vierges”, il s’appuie sur la Bible et sur la Tradition (des hommes) pour dire que toutes les femmes doivent se voiler, et pas juste celles qui sont mariées. Il y fait une déclaration très intéressante à propos de l’église de Corinthe telle qu’elle se trouvait à son époque, c’est-à-dire environ 150 ans après que Paul ai adressé sa première lettre aux corinthiens. Lisons cette observation de Tertullien :
“Ainsi le comprirent les Corinthiens eux-mêmes. Aujourd’hui encore ces mêmes Corinthiens voilent leurs vierges. Les disciples prouvent par leur conduite quel a été l’enseignement des Apôtres. 3) Tertullien – Le voile des Vierges – Chapître VIII.
Ayant observé l’église de Corinthe au 3ième siècle, Tertullien fait remarquer que les corinthiens ont bien compris que Paul voulait que toutes les femmes se voilent, puisqu’à ce jour ils ont encore cette pratique.
Cet enseignement de l’apôtre fut la pratique standard de la majorité des églises à travers l’Histoire de l’Église. Comme R.C. Sproul l’indique “Le port d’un couvre-chef durant le culte était la pratique universelle des femmes chrétiennes jusqu’au 20e siècle. Que s’est-il passé ensuite ? Avons-nous soudain découvert une vérité biblique sur laquelle les saints seraient restés aveugles pendant près de deux mille ans ? Ou n’est-ce pas plutôt notre point de vue biblique sur la féminité qui a été petit à petit érodé par le mouvement féministe moderne qui s’est lentement infiltré dans l’église de Jésus Christ, qui est “la colonne et l’appui de la vérité” (1 Tim 3 : 15)?” 4) Je n’ai pas pu mettre la main sur la source originale de cette citation pourtant très connue et souvent relayée. Elle apparait notamment dans l’article de Greg Price “Head Coverings in Scripture”.
La doctrine du voile n’est pas une nouvelle mode étrange. C’est une antique doctrine, basée sur la Bible et comprise comme tel par la majorité des chrétiens tout au long de l’histoire de l’église. Le voile était pratiqué dans toutes les églises, et aujourd’hui, nous faisons soudain figure d’exception. Il est temps de remédier à cela.
References