fbpx

Navigate / search

À qui est l’Exousia (l’autorité) mentionnée au verset 10 ? À l’homme ou à la femme ?

Head Covering Questions

Dans 1 Cor 11:10 Paul écrit que “la femme doit avoir une marque d’autorité sur la tête“. Le terme grec traduit par “autorité” est “exousia” et il apparaît 103 fois dans le Nouveau Testament. Il y a deux façons de comprendre l’autorité dans ce passage.

L’interprétation traditionnelle entend l’autorité comme celle de l’homme à laquelle la femme se soumet. Le voile devient alors le symbole de la place de la femme dans la création.

L’interprétation moderne comprend l’autorité comme celle exercée par la femme. Le voile devient alors le symbole de son droit à prier et à prophétiser dans l’assemblée. Le but de cet article est de vous familiariser avec ces deux positions. Nous donnerons une solide argumentation pour chacune d’entre elles, puis nous conclurons en vous partageant notre point de vue.

L’Exousia comme autorité de la femme

L’argument qui justifie que l’Exousia doit être comprise comme l’autorité de la femme, vient de l’utilisation de ce mot dans le Nouveau Testament (et dans la littérature grecque de l’époque). Avant de commencer notre étude, il est important que nous puissions avoir quelques exemples de la façon dont ce mot apparaît dans d’autres passages de la Bible :

  • Et ayant appelé ses douze disciples, il leur donna autorité (exousia) sur les esprits immondes pour les chasser, et pour guérir toute maladie et toute langueur. (Matt 10:1)
  • Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le droit (exousia) de devenir enfants de Dieu. (Jean 1:12)
  • Si elle fût restée non vendue, ne te demeurait-elle pas ? Et vendue, n’était-elle pas en ton pouvoir (exousia) ? Comment t’es-tu proposé cette action dans ton coeur ? Tu n’as pas menti aux hommes, mais à Dieu. (Actes 5:4)
  • N’avons-nous pas le droit (exousia) de mener avec nous une soeur qui soit notre femme, comme font les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? (1 Cor 9:5)
  • Et quand même je me glorifierais un peu trop de l’autorité (exousia) que le Seigneur nous a donnée pour votre édification et non pour votre destruction, je ne saurais en avoir honte. (2 Cor 10:8)

Dans chacun de ces exemples, l’autorité (ou le droit, ou le pouvoir) appartient toujours au sujet de la phrase. Les 12 disciples ont reçu une “autorité”, ceux qui ont reçu Christ ont le “droit” de devenir enfants de Dieu, Ananias & Saphira avaient un “droit” sur leur propriété, les apôtres avaient le “droit” de se marier… Le sujet de la phrase est toujours celui qui possède l’exousia, il ne fait pas référence à un autre qui la posséderait. Cela pose problème quant à la traduction traditionnelle du verset de 1 Cor 11:10, puisqu’il n’y a qu’un seul sujet et que c’est la femme. Gordon Fee explique : « …il n’y a aucune preuve connue… que l’idiome “avoir autorité sur” se réfère à une autorité externe, différente de celle du sujet de la phrase. » 1) Gordon Fee – The New International Commentary on the New Testament (Eerdmans, 1987) Page 519 Puis il continue, « Il n’y a pas un seul cas où cela s’observe, ni dans les 103 références du Nouveau Testament, ni dans la Septante, ni chez Philo ou Josephus. » 2) Gordon Fee – The New International Commentary on the New Testament (Eerdmans, 1987) Page 519 Note en pied-de-page #23 W.M Ramsey dit « [Que son autorité] soit en fait l’autorité à laquelle elle se soumet [est] une idée saugrenue qui ferait rire n’importe quel spécialiste du Grec, sauf dans le Nouveau Testament où bizarrement on peut traduire les termes Grecs selon ce que les commentateurs veulent leur faire dire. 3) W.M. Ramsay (The Cities of St. Paul, 1908) pg. 203

Ben Witherington III (Professeur d’Interprêtation du Nouveau Testament, Séminaire Théologique d’Asbury) explique son point de vue :

« Le port d’un voile par la femme a une fonction double : d’une part l’ordre est préservé durant la célébration (seule la gloire de Dieu est révélée) ; et d’autre part cela permet aux femmes de prier et de prophétiser sans renier les distinctions de l’ordre créationnel. Paul considère que c’est important de reconnaître et de symboliser les distinctions de l’ordre créationnel durant le culte. La nouvelle créature en Christ ne doit pas, selon Paul, effacer les distinctions originelles de l’ordre créationnel. Ce que la nouvelle naissance accomplit, c’est de donner aux femmes une nouvelle liberté, des nouveaux rôles et des nouvelles responsabilités dans la communauté croyante. Mais Paul affirme que cette liberté nouvelle dont jouissent les femmes n’annule en rien l’ordre voulu à la création, dont le sens est renouvelé et transformé. » 4) Ben Witherington – Women in the Earliest Churches (Cambridge University Press, 1988) Pg. 89

F.F. Bruce (Éminent Professeur de critique biblique et d’exégèse à l’université de Manchester) ajoute :

« Dans la synagogue, la femme ne jouait pas de rôle particulier durant la célébration : sa présence n’était même pas suffisante pour couvrir le choeur des 10 hommes. En Christ elle a reçu un statut égal à celui de l’homme : le droit de prier et prophétiser lors des assemblées, et le voile montrait qu’elle en avait le droit. Son statut ordinaire a donc été dépassé. De même que l’homme manifeste son autorité lors des réunions d’églises en laissant sa tête découverte, la femme manifeste la sienne en se la couvrant. Son nouveau statut en Christ ne signifie pas que les ordonnances créationnelles sont choses périmées : elle doit garder sa tête couverte. » 5) F.F. Bruce – The New Century Bible Commentary – I and II Corinthians (Eerdmans, 1971) Pg. 106

Si cette interprétation est acceptée, une harmonisation avec le point de vue complémentarien 6) Le complémentarisme est la vision théologique qui affirme que l’homme et la femme sont créés égaux et appelés à occupper différents rôles ou responsabilités en fonction de leur sexe mais complémentaires. www.theopedia.com/Complementarianism quant à la distinction des rôles serait :

Puisque l’homme est la tête (autorité) de la femme, et parce qu’elle est sa gloire et parce qu’elle a été créée pour lui, elle doit porter un symbole qui atteste qu’elle a le droit de prier et de prophétiser dans l’assemblée. Cela montre à l’église assemblée et aux anges témoins du culte, qu’elle reconnaît l’ordre de Dieu (et qu’elle s’y soumet) même si elle fait quelque chose qui était jusque là caractéristique de ceux qui dirigent (prier en public/prophétiser).

L’Exousia comme autorité de l’homme

L’argument qui permet de voir l’autorité dont il est question au verset 10 comme celle exercée par l’homme, est tiré de l’étude du contexte. 1 Cor 11:10 commence ainsi “c’est pourquoi…”. Cela signifie que l’explication au “symbole d’autorité” provient des versets précédents. Et voici ce qui est écrit :

L’homme ne doit pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’homme. En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme ; et l’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme a été créée à cause de l’homme. C’est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l’autorité dont elle dépend. (1 Cor 11:7-10)

Paul explique que la femme est la gloire de l’homme, qu’elle a été tirée de lui et qu’elle a été créée pour lui. Puis il dit “c’est pourquoi” (ou “c’est pour cette raison”) qu’elle doit porter un symbole d’autorité sur la tête. Or le contexte nous indique que c’est sous l’autorité de l’homme que la femme se place, ainsi, bien que ce soit un emploi inhabituel du terme “autorité”, nous devons l’attribuer à l’homme qui n’est pourtant pas sujet de la phrase, à cause du contexte.

Mary Kassian (Professeur d’études féminines, SBTS) explique à ce propos :

« …les hommes et les femmes doivent respecter et se soumettre à l’ordre créé. Le voile est un symbole de cet ordre. Par conséquent, la femme qui portait un voile, montrait qu’elle reconnaissait être sous l’autorité masculine. Pour l’homme, couvrir sa tête lors du culte induirait qu’il aie renoncé à la souveraineté et à la dignité qui lui ont été attribué par le Créateur. Pour la femme qui négligeait ce symbole, cela voulait dire qu’elle reniait sa relation à l’homme et à Dieu telle qu’elle fut ordonnée dans la création. » 7) Mary A. Kassian – Women, Creation and the Fall (Crossway Books, 1990) Pg. 97

Dr. Thomas Schreiner (Professeur d’Interprétation du Nouveau Testament, SBTS) ajoute :

« Même si de nombreux spécialistes affirment que l’expression ne peut pas avoir un sens passif, cette signification semble pourtant la plus logique vu le contexte. Et elle explique bien la nuance qui est ajoutée juste après dans les versets qui suivent (11 et 12). Car il n’y aurait pas besoin de rappeler l’égalité de l’homme et de la femme dans le Seigneur si le verset 10 mettait déjà l’accent là-dessus. » 8) Thomas R. Schreiner – Head Coverings, Prophecies and the Trinity 1 Corinthians 11:2-16 – Accessible at https://bible.org/seriespage/head-coverings-prophecies-and-trinity-1-corinthians-112-16

En ce qui concerne le point de vue moderne, ce n’est pas vrai que l’autorité (exousia) est toujours possédée par le sujet de la phrase. C’est en effet la forme la plus courante (99 % des cas) mais il y a une exception qu’on trouve dans l’Évangile.

Dans cet exemple, un centurion de Capernaüm dit à Jésus :

“car moi aussi, je suis un homme placé sous l’autorité (exousia) d’autrui, ayant sous moi des soldats ; et je dis à l’un : Va, et il va ; et à un autre : Viens, et il vient ; et à mon esclave : Fais cela, et il le fait.” (Matt 8:9)

Jésus venait juste de dire au centurion qu’il se déplacerait chez lui pour guérir son serviteur qui “est couché à la maison, atteint de paralysie, horriblement tourmenté.” (Matt 8:6)

Le centurion avait alors demandé à Jésus de simplement donner l’ordre que son serviteur guérisse au lieu de se déplacer jusque chez lui, se jugeant trop indigne de le recevoir sous son toit. En plus de sa foi, le centurion a montré sa connaissance et son expérience de l’autorité, puisqu’il suffit d’une parole pour que l’ordre soit exécuté. Ce verset est important pour l’interprétation de 1 Cor 11:10 puisqu’il nous donne un exemple d’autorité qui ne se réfère PAS au sujet de la phrase (le centurion) mais désigne une autorité externe auquel le sujet se soumet. C’est pourquoi la déclaration de Gordon Fee “…il n’y a pas de preuve connue… que l’idiome “avoir autorité sur” se réfère à une autorité externe, différente de celle du sujet de la phrase.”9) Gordon Fee – The New International Commentary on the New Testament (Eerdmans, 1987) Pg 519 s’avère finalement fausse. Nous avons pourtant un exemple qui légitimise notre interprétation du voile comme un symbole de soumission.

Notre point de vue

Bien que nous penchons d’avantage pour la traduction traditionnelle 10) Exousia as the man’s authority , nous n’irons pas jusqu’à dire que c’est une conviction ferme. Nous voyons le bien-fondé de chacune de ces options de traduction, et les éléments disponibles ne nous permettent pas vraiment de savoir laquelle serait juste – tout comme pour “les anges” mentionnés au même verset (1 Cor 11:10), nous ne pouvons pas trancher avec assurance entre les diverses interprétations possibles.

Cependant ni l’une, ni l’autre ne contredit le fait que nous sommes appelés à mettre en pratique le voile, à cause de l’ordre créationnel (1 Cor 11:3,7-9) et à cause du fait que ce soit une tradition apostolique (1 Cor 11:2) destinée à être universelle (1 Cor 11:16). Voilà de quoi nous pouvons être certains.

Résumé

  • Le terme grec traduit par “autorité” est “exousia”, et pour 101 des 102 occurrences de ce terme (sans compter celle de 1 Cor 11:10) “l’autorité” se réfère au sujet de la phrase qui la détient. Voilà ce qui fonde l’interprétation moderne selon laquelle l’autorité de 1 Cor 11:10 est celle de la femme.
  • Matthieu 8:9 est la seule exception à cette règle, où l’autorité se réfère à celle exercée par quelqu’un d’autre, sans qu’il ne soit cité dans la phrase..
  • L’interprétation traditionnelle qui soutient que “l’exousia” se réfère à l’autorité de l’homme à laquelle la femme accepte de se soumettre, est d’avantage fondée sur le contexte du passage. En effet le verset 10 débute par “c’est pourquoi…”, ce qui signifie qu’il faut regarder en arrière aux versets 7 à 9 pour savoir de quelle autorité il s’agit, et il s’avère dans le contexte qu’on parle bien de l’autorité de l’homme sur la femme.
  • Aucune de ces interprétations ne contredit la vision complémentarienne des rôles (même si ceux qui s’y opposent ont souvent la position moderne 11) Exousia en tant qu’autorité détenue par l’homme. sur exousia).

References

1.
 Gordon Fee – The New International Commentary on the New Testament (Eerdmans, 1987) Page 519
2.
 Gordon Fee – The New International Commentary on the New Testament (Eerdmans, 1987) Page 519 Note en pied-de-page #23
3.
 W.M. Ramsay (The Cities of St. Paul, 1908) pg. 203
4.
 Ben Witherington – Women in the Earliest Churches (Cambridge University Press, 1988) Pg. 89
5.
 F.F. Bruce – The New Century Bible Commentary – I and II Corinthians (Eerdmans, 1971) Pg. 106
6.
 Le complémentarisme est la vision théologique qui affirme que l’homme et la femme sont créés égaux et appelés à occupper différents rôles ou responsabilités en fonction de leur sexe mais complémentaires. www.theopedia.com/Complementarianism
7.
 Mary A. Kassian – Women, Creation and the Fall (Crossway Books, 1990) Pg. 97
8.
 Thomas R. Schreiner – Head Coverings, Prophecies and the Trinity 1 Corinthians 11:2-16 – Accessible at https://bible.org/seriespage/head-coverings-prophecies-and-trinity-1-corinthians-112-16
9.
 Gordon Fee – The New International Commentary on the New Testament (Eerdmans, 1987) Pg 519
10.
 Exousia as the man’s authority
11.
 Exousia en tant qu’autorité détenue par l’homme.

Send this to a friend